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01.10.2018

Rechercheur passionné

Prof. Andreas Pautz explique, pourquoi la recherche nucléaire en Suisse reste importante.

Rechercheur passionné

Professeur Pautz, en tant que directeur du secteur Energie nucléaire et sûreté de l’institut Paul Scherrer, vous êtes un professionnel de la sécurité nucléaire. Comment évaluez-vous la sûreté des centrales nucléaires suisses?
Depuis plusieurs années, le PSI assiste l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire pour les analyses de sécurité des centrales nucléaires suisses. Je connais donc bien ces installations et je suis convaincu par le haut niveau de leurs standards de sécurité. D’importantes mises à niveau de la technique de sécurité ont continuellement été faites dans les centrales nucléaires helvétiques et, particulièrement après Fukushima, pris une ampleur encore plus considérable, par exemple dans le cadre des «stress tests» européens. Le PSI a contribué et contribue encore à ces mises à niveaux par des travaux de recherche pour le compte des exploitants des centrales nucléaires. Pour ce faire, nous exploitons de grandes installations expérimentales sur lesquelles nous faisons des recherches sur des accidents graves et leurs effets possibles, et surtout sur la manière d’en minimiser les conséquences. Les technologies de filtrage que nous avons développées pour retenir l’iode radioactif si une décompression de l’enceinte de confinement des réacteurs devenait nécessaire en constituent un exemple.

Quels sont les thèmes de sécurité majeurs sur lesquels vous menez des recherches avec les collaborateurs du PSI et à l’EPF de Lausanne?
Nous étudions, d’une part, la manière dont les matériaux vieillissent dans un réacteur soumis à un rayonnement neutronique. Nous disposons de méthodes d’analyses modernes et de nombreux échantillons de matériaux ayant été exposés à un rayonnement de longue durée. Constater comment ils se modifient et deviennent éventuellement moins résistants quand leur durée d’exploitation augmente est une contribution majeure à la sécurité sur le long terme. Nous étudions, d’autre part, la manière dont les combustibles usés se comportent avec les années dans un conteneur de stockage intermédiaire, ce qui est important pour la sécurité de l’ensemble de la chaîne de transport et de stockage intermédiaire. Nous analysons également les conséquences et l’efficacité des mesures d’urgence en cas d’accident survenant dans une centrale nucléaire. Ici, nous mettons l’accent sur le comportement des individus dans ce type de situations d’urgence. Et pour le démantèlement des centrales nucléaires, nous voulons apporter des contributions à une stratégie optimale de démantèlement: celui-ci doit pouvoir se dérouler en toute sécurité et avec des émissions minimales, le personnel doit être protégé en permanence contre les radiations et les substances radioactives doivent être traitées de façon à générer le moins possible de déchets. Enfin, sur le réacteur de recherche CROCUS de l’EPF de Lausanne, mon équipe développe et teste des détecteurs de neutrons innovants permettant de déceler et de diagnostiquer précocement des anomalies dans le cœur du réacteur, comme par exemple des vibrations ou des perturbations du débit. Ce ne sont là que quelques exemples de nos multiples recherches concernant la sécurité.

Y a-t-il encore vraiment besoin de recherche nucléaire en Suisse si la stratégie énergétique 2050 doit interdire la construction de nouvelles centrales nucléaires? La recherche à l’étranger n’est‑elle pas suffisante?
Le PSI mène une recherche de pointe dans le domaine nucléaire depuis plus de 50 ans. Il fait partie des organisations mondiales leaders dans la compréhension des accidents graves et dispose d’installations d’essai uniques en leur genre. Nous avons l’un des rares laboratoires européens encore capable de manipuler des quantités importantes de matériaux radioactifs, par ex. les barres combustibles usagées en provenance des centrales nucléaires. Cette compétence nationale doit être préservée, surtout si les centrales nucléaires helvétiques restent encore quelque 25 ans en service. Car en matière de sécurité on ne doit pas devenir dépendant de l’étranger. Nous devons pouvoir assister directement et simplement l’autorité de surveillance nucléaire et les centrales nucléaires pour les questions de sécurité et aussi former un personnel hautement qualifié grâce à nos programmes de recherche. Si nous n’avons pas nous-même des activités de recherche, le haut niveau actuel des sciences et de la technique baissera inexorablement et avec lui la sécurité des installations.

L’énergie nucléaire en elle-même est-elle encore nécessaire? L’avenir énergétique est quand même dans les énergies renouvelables.
Je pars de l’hypothèse que les besoins mondiaux en énergie vont encore considérablement augmenter dans les prochaines décennies. Dans le futur, l’énergie nucléaire sera encore utilisée dans de nombreux États pour la production d’électricité. Et nous aussi, au cours de ces mêmes prochaines décennies, aurons certainement besoin de toutes les options d’approvisionnement en électricité, renouvelables ou nucléaires.

Qu’est-ce qui vous motive particulièrement pour vous consacrer à la recherche sur l’énergie nucléaire?
J’aimerais apporter une contribution à ces technologies de réacteurs qui satisfont aux exigences de sécurité et de durabilité les plus sévères. Les centrales nucléaires que je souhaite donc pour l’avenir offriront une protection maximale contre les accidents majeurs et les influences extérieures et seront plus efficaces en termes de coûts que les énergies fossiles, idéalement grâce à un cycle de combustible fermé. Cela signifie que, par rapport au stockage définitif actuel, la quantité de déchets radiotoxiques à durée de vie longue serait nettement moins importante. De telles installations peuvent apporter une contribution importante afin que nous puissions enfin cesser de brûler des carburants fossiles. Et ce serait mieux aujourd’hui que demain.